(PREMIÈRE PARTIE)
Honorables Oulémas ;
Autorités de l’État ;
Responsables communautaires ;
Honorables pères et mères ;
Chers frères et sœurs, petits et grands ;
Honorable assistance et vous chers enfants ;
Que Dieu vous assiste tous, vous protège et vous honore
Pour commencer, je ne peux que vous remercier d’abord, pour l’affection dont, une fois encore, vous faites preuve à mon égard. Je considère cette affection comme une épreuve divine.
Il m’a été rapporté qu’hier des notables de ce pays ont souhaité me rencontrer, ce à quoi j’ai accédé. J’ai souhaité par la même occasion que tous ceux qui le souhaitent puissent également venir. Nous devions nous rencontrer à Beit-Salam, mais après le beau temps de la matinée, Dieu a envoyé la pluie juste avant le début de la rencontre. Je me suis dit : « Gloire à Dieu, pourquoi cette pluie ? ». Certes, je savais déjà que pour les Comoriens, la pluie est une bénédiction comme Coran nous l’a enseigné. Pourtant, j’ai cherché à comprendre pourquoi. J’ai trouvé que la raison était tout simplement que la rencontre relative aux préoccupations du peuple, ne pouvait se tenir qu’au Palais du Peuple. J’ai cherché une autre explication et j’ai trouvé que Dieu, dans Sa sagesse, a voulu que cette rencontre, qui est instantanément suivie par nos compatriotes en France, puisse être suivie également par tous ceux qui sont restés chez eux à cause de cette abondante pluie.
En tout état de cause, j’espère que cette rencontre est une heureuse occasion, même si certains souhaiteraient que de telles rencontres n’aient pas lieu.
Si j’ai bien compris la démarche, il s’agit pour moi, d’apporter des réponses aux questions posées. Je le ferai sans détour car je suis un homme de parole.
La première question porte sur les bienfaits qui nous sont arrivés. C’est vrai, et ce n’est point un poisson d’avril, que l’argent est bel et bien arrivé hier, dans notre pays. Mon frère, l’Émir de Qatar Son Altesse Cheihk Hamad Ibn Khalifa Al-Thani, nous a encore une fois démontré qu’il est un homme de parole qui accomplit ses engagements. Il m’avait promis de venir visiter les Comores et les Comoriens et il l’a fait. Quand il est venu et que je lui ai dit qu’une chose peut réjouir toutes les familles comoriennes, il m’a demandé de quoi il s’agissait. Je lui ai répondu : « si vous pouviez nous aider à régler les arriérés de salaire de agents de l’État comorien, je pense que chaque foyer comorien serait heureux ». Il m’a alors dit qu’il n y avait aucun problème et demandé le montant. Je l’ai informé que les derniers chiffres que j’avais d’ailleurs communiqués à la Ligue des États Arabes depuis l’année dernière, était de 17 millions d’Euros. Il m’a alors annoncé qu’il en enverrait 20 millions pour que les retraités que j’avais évoqués et qui sont souvent oubliés, puissent eux aussi être payés.
Ainsi, et pour démentir les usages mensongers du poisson d’avril, je vous confirme en tant que Président de la République que cet argent est bel et bien parvenu à la Banque centrale des Comores et, comme je l’ai déjà dit, j’ai ordonné au Ministre des Finances, au Trésorier Payeur Général et au Directeur du Budget, de faire le nécessaire pour qu’avec l’aide de Dieu, les gens puissent être payés à partir du lundi ou mardi.
A ce propos, il n y a pas d’inconvénients à ce que je fournisse quelques explications car, ceci n’a jamais été fait dans notre pays. Permettez moi donc de vous donner quelques explications sur cet argent, surtout lorsque des radios étrangères annoncent le payement de neuf mois de salaire. Je n’ai pas discuté de nombre de mois avec l’Emir du Qatar. Toutefois, nous nous sommes convenus d’un montant, 20 millions d’Euros, qui nous sont effectivement parvenus. Selon les calculs effectués, il a été arrêté que nous payerons 6 mois de ces arriérés qui seront versés en une seule fois. Des frères du gouvernement voulaient que nous versions ces arriérés par trimestre et j’ai dit non car, Dieu a voulu nous envoyer cette manne en une seule fois et il sera versé en une seule fois.
Pourquoi ai-je tenu à vous fournir toutes ces explications ? D’abord par ce que je suis convaincu que pour de nombreux Comoriens, ce sera probablement la première fois de leur vie qu’ils toucheront un tel montant.
Ensuite, parce qu’au-delà de ce que je viens de dire, Gloire à Dieu, les mauvaises langues annonçaient sur les radios, à la suite du Congrès, qu’à partir du 1er mai, le pays sera à feu et à sang.
Or Dieu a voulu que le 1er mai soit un jour de fête. Ces gens ont annoncé que ce pays serait invivable à partir du 1er mai mais Dieu leur a répondu à sa manière « c’est vous qui le dites mais pas moi ».
Ainsi, à partir du début de ce mois, avec l’aide de Dieu, les foyers comoriens jouiront de plus de bien être. C’est pourquoi je voudrais vous dire ceci, vous citoyens comoriens : « certes, ce sont les agents de l’État qui percevront cet argent, mais je suis convaincu que cet argent ne leur reviendra pas à eux seuls et qu’il bénéficiera à tous. Il parviendra également aux commerçants, aux maçons, aux pêcheurs, aux cultivateurs : il n y a pas une seule maison où cet argent ne parviendra pas ». Il s’agit donc d’une fête et d’une réjouissance populaire et non pour les seuls agents de l’État.
Mes frères, je voudrais saisir cette heureuse occasion pour dire une chose que je ne repérerai jamais assez : Certes les fonctionnaires de ce pays sont au nombre de 12.333 selon les chiffres qui m’ont été communiqués dont 829 à Mohéli, 3.491 pour le gouvernement de l’Union, 3813 à la Grande-Comore et 4.200 à Anjouan. Toutefois, comme vous le savez, la plupart des fonctionnaires de l’Union sont en Grande-Comore. Il s’ensuit que la grande partie de cet argent restera en Grande-Comore à l’instar de tout bienfait qui arrive au pays et qui parvient d’abord à la Grande-Comore avant les autres îles. Ainsi, les fonctionnaires seront payés 6 mois dont janvier, février et mars 2010 et, et enfin, avril, mai, juin 2009. J’ajouterai par ailleurs que le Ministre des Finances qui doit m’entendre et qui pourra vous le confirmer, a reçu des instructions de ma part, pour que le mois d’avril soit payé dans la foulée, afin de ne pas commencer à cumuler d’autres arriérés.
Pour leur part, les retraités civils et militaires, percevront leurs pensions à hauteur d’un total de 1.590.267.369 de francs.
Je ne voudrais pas abuser de votre temps sur ce point mais j’ai voulu vous confirmer l’arrivée de cet argent que vous percevrez bientôt.
J’ai cependant quelques recommandations à donner aux Comoriens. D’abord, être reconnaissants envers les bienfaits du Seigneur. Toi qui percevras cet argent, homme ou femme, toi qui n’as pas l’habitude d’habiller ton conjoint convenablement, fais-lui profiter de cette bénédiction car certains ne le font que le jour de l’Ide ; fais-en profiter également à tes enfants. Voila ma première recommandation.
Voici ma seconde recommandation : une importante somme, 20 millions d’Euros, environ 10 milliards de nos francs, sera injectée en une seule fois dans le pays. Mes frères, n’utilisez pas tout cet argent pour faire bouillir la marmite et ne le consacrez pas entièrement à la consommation. Efforçons-nous pour investir et pour créer des emplois afin de lutter contre le chômage.
L’adage selon lequel le bien commun est source de conflit doit, comme je l’ai dit ailleurs, céder la place à la formule suivante : « Utadjiri wa masikini, wushirika » « la richesse du pauvre est dans le bien commun ».
Ainsi, non seulement pour ceux qui touchent d’importantes sommes mensuelles, 300 ou 350 milles francs, mais également pour ceux qui perçoivent seulement 50 milles, ma recommandation serait alors que chacun consacre le tiers à un investissement qui lui rapportera des bénéfices. 20 personnes qui s’associent peuvent rassembler 2 millions pour acheter un petit bateau de pêche qui rapporterait de l’argent au lieu de tout consommer.
Mes frères, je voudrais que cela soit accueilli à bras ouverts : Que ceux qui perçoivent plus, consacrent le tiers de leurs arriérés, en association avec des partenaires, à des investissements. Récemment, des Chinois qui me rendaient visite me disaient qu’avec 4,5 millions de dollars, soit 1,4 milliards de nos francs, on pourrait acheter un avion neuf. Ne serait-il pas possible de consacrer un milliard sur les 10 milliards, à l’achat d’un avion pour les Comoriens, moyennent des actions dans une société ?
Mes frères, il y a des entreprises qui nécessitent 20, 30 ou 50 millions de francs de Capital. Une cinquantaine ou une centaine de personnes ne pourraient-elles pas rassembler cette somme ? Moi je vous dis que cela est possible. Je ne veux pas abuser de votre temps, mais je voudrais que nous tirions le maximum de profit de cet argent.
Certains se demanderont sûrement pourquoi le Président ne déploie-t-il pas autant d’efforts que pour les fonctionnaires, sachant que la plupart des Comoriens ne le sont pas ? Cela est vrai. Mais si vous observiez également les efforts que j’ai fournis jusqu’ici, et qui me valent la convoitise de certains, vous vous rendriez également compte, que mes priorités sont allées vers les projets en faveur de la majorité des citoyens. Ouvrez donc les yeux et faites le constat : combien de comoriens ont accès à des prêts auprès des banques dont nous avons favorisé l’installation ? Vous verrez qu’il ne s’agit pas seulement que des fonctionnaires, cela personne ne peut le nier. Les machines que nous avons fait venir dans toutes les îles pour construire des routes, ne bénéficient pas seulement aux fonctionnaires ; les bateaux et les vedettes qui sont arrivés sont au service de tout le monde.
En tout état de cause nos efforts en faveur des infrastructures routières, en faveur de l’électrification ou de l’eau, en faveur de l’équipement de nos hôpitaux, tout cela est au service de tous les citoyens. Il n’est donc pas vrai que seuls les fonctionnaires sont favorisés.
Honorable assistance, vous qui représentez ici l’ensemble des Comoriens, je voudrais vous prendre ici à témoin, pour dire que si vous faisiez un calcul, pour comptabiliser tout ce que nous avons pu attirer dans ce pays, en incluant les bienfaits qui frappent à nos portes, vous vous rendriez compte qu’il s’agit de nombreux milliards : 540 millions de dollars de la Conférence de Qatar, 200 millions de dollars de la citoyenneté économique dont une partie nous est déjà parvenue, sous forme d’aide budgétaire, et que nous utilisons dans le pays, notamment pour régler le salaire du mois d’avril 2010 et pour l’électrification de l’île de Mohéli, sans compter les 175 millions de dollars destinés aux infrastructures, non encore utilisés et qui attendent les appels d’offre.
Ainsi, je voudrais vous dire, mes frères, s’agissant des financements, que nous les avons recherchés et qu’ils sont à nos portes. Ce qui provoque probablement la colère de ceux qui veulent semer les troubles, ceux qui hier encore, doutaient de l’arrivée de cet argent et dont certains ont même parié un mois de salaire si jamais cet argent nous parvenait.
Après cela, d’autres questions d’ordre politiques m’ont été posées. Mes frères, notre pays est compté parmi les pays démocratiques car toutes les décisions émanent d’autorités publiques issues des urnes. De nombreux pays où le vote n’existe pas, ne bénéficient pas du même respect que nous.
Ainsi c’est en tant que Président élu qui a en charge les intérêts du pays, que j’ai pris l’initiative de remédier à certaines anomalies de nos institutions.
En effet, j’avais constaté que notre pays était condamné à organiser des élections tous les ans, de 2006 à 2019 à l’exception de 2011 et que je n’avais pas la prérogative de procéder à des changements par décret. Que de temps, que d’argent et que de querelles en perspectives ! J’ai alors pris alors l’initiative du référendum. A cette époque déjà, certaines autorités pouvaient redouter le raccourcissement éventuel de leurs mandats dans le cadre de l’harmonisation. Ainsi, faute de consensus, nous avons confié au congrès de tous les élus de ce pays le soin d’en fixer la date, en toute liberté et en toute démocratie. Personne ne savait alors, ce qu’il adviendrait.
Une fois que la loi référendaire a été adoptée, que les élections législatives et des conseillers ont eu lieu avec la participation de tous, dans un scrutin libre, démocratique et transparent, et dès lors que les résultats ont été publiés, certains ont commencé à nier la démocratie, à refuser la loi et à désobéir à la constitution.
Le congrès a eu lieu et il a pris sa décision. On a alors avancé l’argument selon lequel, le Président veut s’éterniser au pouvoir. Je l’ai dit et répété, si j’avais voulu proroger mon mandat, j’aurais alors proposé lors du référendum la possibilité de renouveler le mandat du Président, sachant que vous m’auriez approuvé. Je ne l’ai pas fait car, telle n’était pas mon intention. Je ne souhaitais que l’harmonisation des élections.
Or, ce qui est plus triste, c’est que des gens ont pris les antennes des radios pour menacer de mettre le pays à feu. De nombreux citoyens se sont demandés : « où est-ce que nous allons ainsi ? »
C’est alors que la Communauté internationale, particulièrement l’Union Africaine est intervenue, avec la venue du Commissaire Lamamra qui m’a demandé s’il était possible de parvenir, par le dialogue et la conciliation avec les gouverneurs, à une date consensuelle des élections pour éviter des difficultés au pays. Je lui ai répondu qu’ayant déployé beaucoup d’efforts pour donner une meilleure image et une bonne réputation du pays vis-à-vis de l’extérieur, et sachant que des troubles éventuels pourraient nuire au pays et aux Comoriens et que les investissements extérieurs pouvaient alors faire défaut, je lui ai répondu, disais-je, par un adage comorien selon lequel « mieux vaut une mauvaise conciliation qu’un bon litige ». Je lui ai ajouté que si le dialogue pouvait nous permettre de parvenir à la compréhension mutuelle et d’éviter des troubles au pays, qui pourraient éloigner les investisseurs, j’accédais à cette proposition, dans l’intérêt supérieur du pays, même si toutes les réformes effectuées notamment par le congrès, ont été faites conformément à la constitution et aux lois en vigueur.
Ainsi, j’ai donné mon accord pour la recherche d’un autre calendrier susceptible de donner satisfaction à nos frères mohéliens qui sont impatients de bénéficier à leur tour de la tournante, à condition de respecter la loi. J’ai alors entamé le dialogue avec les gouverneurs et nous nous sommes rencontrés seuls à deux reprises. Je me suis alors rendu compte que pour certains d’entre eux, les positions d’avant et d’après le référendum ainsi que leurs positions d’avant et d’après le congrès, sont restés les mêmes. C’est ainsi que nous avons jugé utile d’associer les conseillers et les techniciens. A mon sens, il s’agissait des élus qui bénéficient de la légitimité populaire. Mais comme vous le savez, ce sont des hommes politiques qui y ont été inclus dont certains ne sont pas des élus et qui ont fait échouer les discussions.
Toutefois, les représentants de la Communauté internationale dans le pays, notamment l’Union Africaine, représentée par l’envoyé spécial M. Madeira, l’Union Européenne représentée par l’Ambassadeur de France, les ambassadeurs de Chine et d’Afrique du Sud et de la Ligue Arabe représentée par Cheikh Abdallah, m’ont à nouveau demandé de relancer le dialogue en proposant de s’impliquer d’avantage dans la recherche d’une solution. J’ai de nouveau donné mon accord et je reste dans l’attente des résultats de leur démarche.
... A SUIVRE ...
Source : Beit-Salam